Le cancer de la vessie est une pathologie qui naît dans les cellules de la paroi interne de l’organe. En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancer de la vessie était de 13 074 en France. La grande majorité des diagnostics concerne les hommes (plus de 80 %) âgés de plus de 70 ans. Dans ses débuts, le cancer de la vessie peut être silencieux : il n’entraîne alors aucun symptôme. C’est lorsque la maladie évolue que commencent à se manifester les premiers signes. Le cancer de la vessie peut être détecté précocement grâce à des examens simples, ce qui augmente les chances de guérison.
Le sang dans les urines (hématurie) : le signe le plus fréquent
Le symptôme le plus évocateur du cancer de la vessie est la présence de sang dans les urines : on parle d’hématurie. Ce signe clinique peut apparaître dès le stade 0 du cancer de la vessie, lorsque la tumeur est limitée à la couche superficielle de la paroi vésicale. Le sang dans les urines peut se manifester de différentes façons :
- Il peut se voir à l’œil nu, teintant les urines d’une coloration rosée, rouge ou brune. Il peut être plus ou moins abondant selon l’importance du saignement.
- Il peut être invisible à l’œil nu et n’être repéré qu’au cours d’un examen d’urine, l’ECBU ou la bandelette urinaire.
- Il peut être intermittent et se manifester par épisodes, avec des urines normales et claires entre chaque épisode.
- Il peut être associé à des troubles urinaires, comme des douleurs, des brûlures mictionnelles, ou une envie fréquente ou urgente d’uriner.
Cependant, la présence de sang dans les urines n’est pas forcément causée par un cancer de la vessie. D’autres problèmes de santé, même bénins, peuvent en être à l’origine comme une infection urinaire, une prostatite ou une maladie du rein. Toutefois, il est préférable de consulter un médecin en cas d’hématurie, car il s’agit d’un symptôme anormal qui mérite de pousser les investigations.
Les symptômes du cancer de la vessie chez l’homme Vs chez la femme
Dans le cancer de la vessie, la plupart des symptômes sont communs aux deux sexes. Toutefois, en raison de quelques différences, notamment anatomiques et hormonales, de légères variations cliniques entre les hommes et les femmes sont observées.
Il est important de connaître ces différences, car cela permet d’augmenter les chances d’un diagnostic aux premiers stades, donc d’une prise en charge précoce et de meilleurs résultats thérapeutiques.
Symptômes spécifiques chez les hommes
Les hommes sont plus souvent touchés par le cancer de la vessie que les femmes. C’est probablement en raison d’une exposition plus élevée aux facteurs de risque comme le tabagisme qui multiplie par trois le risque de cette maladie.
Les hommes exercent aussi plus souvent des professions qui exposent à des produits chimiques cancérigènes avérés ou probables comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (goudrons, métallurgie…), les amines aromatiques (colorants, plasturgie…).
Symptômes prostatiques
Chez les hommes, le cancer de la vessie peut envahir ou comprimer la prostate en raison de la proximité anatomique de ces deux organes. D’ailleurs, il arrive souvent que l’on confonde les symptômes d’un cancer de la vessie avec ceux du cancer ou de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP).
Les hommes atteints de cancer de la vessie peuvent éprouver des difficultés à uriner, un symptôme souvent associé à des problèmes prostatiques. Ces difficultés peuvent inclure :
- Un jet urinaire faible lorsque la tumeur vésicale exerce une pression sur l’urètre ou envahit la prostate.
- Une intermittence urinaire, avec un flux urinaire qui peut être interrompu et de l’urine qui sort par à-coups au lieu de couler en continu.
- Une « Hésitation urinaire », c’est-à-dire l’existence d’un délai ou une difficulté à commencer la miction, nécessitant un effort supplémentaire pour uriner en raison d’une compression par la vessie ou la prostate.
Les hommes peuvent également avoir la sensation de ne pas pouvoir vider complètement leur vessie. Cela peut être causé par l’obstruction partielle de l’urètre par la tumeur ou par l’envahissement de la prostate, empêchant l’évacuation complète de l’urine.
Particularité de l’hématurie
Bien que l’hématurie (sang dans les urines) soit un symptôme général du cancer de la vessie (commun à l’homme et à la femme), elle peut aussi se manifester spécifiquement chez les hommes comme un signe de saignement provenant de la prostate.
Douleurs pelviennes
Les hommes peuvent éprouver des douleurs ou des sensations de pression dans le rectum ou les testicules si la tumeur de la vessie envahit les structures adjacentes.
Chez les hommes, il est facile de confondre des douleurs pelvienne (dans le bas ventre) dues à un cancer de la vessie avec celles dues à une affection de la prostate comme l’HBP (hypertrophie bénigne de la prostate ou cancer prostatique). C’est pourquoi un examen clinique rigoureux et une prescription de certains examens complémentaires sont très importants pour faire la part des choses entre les deux pathologies.
Savoir reconnaître les symptômes du cancer de la vessie, et ne pas les confondre avec une pathologie bénigne de la prostate, est la clé pour de meilleures chances de survie chez les hommes.
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Symptômes spécifiques chez les femmes
Chez les femmes, le cancer de la vessie, bien que moins fréquent comparativement aux hommes, est souvent confondu avec des infections urinaires ou des problèmes gynécologiques banals, ce qui retarde parfois le diagnostic et le traitement.
En effet, distinguer le cancer de la vessie des autres affections gynécologiques est souvent complexe en raison de symptômes similaires. Par exemple :
- Les hématuries peuvent être confondues avec des saignements menstruels ou post-ménopausiques.
- Les douleurs pelviennes, symptôme commun du cancer de la vessie, peuvent être confondues avec des tumeurs de l’utérus (fibromes bénins ou cancers utérins) ou des ovaires.
- La fréquence et l’urgence urinaire, ainsi que la dysurie, peuvent être attribuées à des infections urinaires ou à une cystite interstitielle.
- Les saignements vaginaux anormaux et les douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunie) peuvent être associés à des pathologies du col ou du vagin.
Cette similitude symptomatique nécessite des investigations médicales approfondies pour un diagnostic précis et un traitement précoce.
Anatomie et évolution du cancer de la vessie
Les symptômes urinaires : des signes moins spécifiques
Les troubles urinaires sont des signes moins spécifiques et moins courants dans le cadre du cancer de la vessie. Ils peuvent apparaître dès le stade 1 de la maladie, quand la tumeur vésicale s’est propagée au tissu conjonctif sous la muqueuse vésicale, mais qu’elle n’atteint pas encore le muscle.
Les troubles urinaires peuvent se manifester de différentes façons :
- difficultés à uriner (liée à une obstruction partielle ou totale du jet urinaire par la tumeur) ;
- dysurie (sensation de brûlure ou de picotement à l’émission des urines) ;
- pollakiurie (mictions fréquentes, mais pas plus volumineuses au total) ;
- urgenturie (envie pressante et irrépressible d’uriner) avec possibles fuites urinaires ;
- incontinence urinaire.
Les signes urinaires peuvent eux aussi être engendrés par d’autres problèmes de santé, comme une hypertrophie bénigne de la prostate, une cystite ou une autre pathologie. La consultation médicale est tout de même recommandée, surtout lorsqu’ils sont accompagnés de la présence de sang dans les urines.
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Les douleurs et les signes généraux : des symptômes plus tardifs
Plus tardivement, lorsque le cancer de la vessie évolue à un stade plus avancé, des douleurs et des signes cliniques plus généraux peuvent se manifester. Les stades plus avancés sont les stades 2, 3 et 4. Un cancer de la vessie stade 2 indique que la tumeur a infiltré le muscle vésical. Un cancer de la vessie stade 3 implique un envahissement de la graisse périvésicale, et le cancer de la vessie stade 4 indique la présence de la maladie dans des organes voisins. Les stades plus avancés du cancer témoignent d’une extension locale ou à distance du siège initial.
Les signes généraux et douleurs peuvent se manifester par :
- une douleur pelvienne ou lombaire, résultant de la compression ou de l’infiltration de nerfs, vaisseaux ou organes par la tumeur (prostate, vagin, rectum…) ;
- une masse palpable dans le bas ventre (en cas d’augmentation du volume tumoral ou de ganglions lymphatiques envahis) ;
- une altération de l’état général, avec une asthénie marquée, une anémie, de la fièvre, une perte d’appétit ou une perte de poids.
Ces symptômes tardifs et ces douleurs doivent alerter et motiver une consultation médicale rapide. Ils peuvent révéler la présence d’un cancer de la vessie de stade avancé, mais aussi d’autres pathologies sévères.
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Le diagnostic de cancer de la vessie
Le diagnostic de cancer de la vessie repose sur plusieurs examens :
La consultation médicale avec examen clinique et interrogatoire permet de repérer la présence de facteurs de risque et d’évaluer les symptômes.
L’ECBU (analyse d’urine) permet de rechercher la présence de sang dans les urines, mais aussi la présence de cellules cancéreuses ou d’infections urinaires.
L’échographie abdomino-pelvienne permet d’observer l’appareil urinaire (vessie, reins, voies urinaires) et de repérer les lésions suspectes au niveau de la paroi vésicale.
La cystoscopie est un examen qui repose sur l’introduction d’un endoscope à travers l’urètre pour observer l’intérieur de la vessie. Elle se pratique sous anesthésie locale et aide les médecins à localiser précisément la tumeur et à en connaître ses caractéristiques (taille, aspect).
La résection transurétrale de vessie remplace cet examen en cas de forte suspicion de cancer de la vessie. Le geste permet de retirer les tissus suspects pendant l’endoscopie. Il se pratique sous anesthésie loco régionale ou générale.
L’analyse des prélèvements
Les échantillons et tissus prélevés sont envoyés en laboratoire d’anatomopathologie pour analyse. Cet examen est indispensable pour établir le diagnostic formel et connaître toutes les caractéristiques de la maladie (son stade, son grade, son type, sa vitesse d’évolution, son extension, etc.).
D’autres examens peuvent être nécessaires dans le cadre d’un bilan d’extension : analyse de sang, scanner, uroscanner, IRM pelvienne, scintigraphie osseuse…
Le traitement dépend des résultats de l’ensemble de ces examens.