La France a désormais le plus haut taux d’incidence de cancer du sein au monde avec 61.500 nouveaux cas en 2023.
Le cancer du sein est une pathologie qui touche une femme sur 8 au cours de sa vie. Ce cancer se développe à partir des cellules du sein et peut se propager à d’autres organes et structures, notamment les ganglions. Le cancer du sein est parfois lié à des facteurs génétiques, hormonaux ou environnementaux, mais survient le plus souvent sans facteurs de risque particuliers. Dans 1% des cas, il peut toucher l’homme.
Parmi les symptômes possibles du cancer du sein, il y a l’apparition d’une boule sous l’aisselle. Il s’agit d’une masse palpable dans la partie haute et externe du sein ou dans un ganglion lymphatique situé sous l’aisselle. Cette boule peut cependant être due à plusieurs causes, mais elle doit être prise au sérieux et nécessite une consultation médicale pour en trouver l’origine.
Ganglion lymphatique et boule sous l’aisselle
Le ganglion lymphatique est un petit organe en forme de haricot qui fait partie du système lymphatique, le réseau de vaisseaux et de tissus qui transporte la lymphe (un liquide clair contenant des cellules immunitaires, les lymphocytes) dans tout le corps. Les ganglions lymphatiques ont pour mission de filtrer la lymphe et de détruire les agents infectieux comme les bactéries, les virus ou les cellules anormales comme les cellules cancéreuses.
Il existe un grand nombre de ganglions lymphatiques dans tout l’organisme. Ils se situent à la fois en surface et en profondeur. Les ganglions superficiels se trouvent dans le cou, les aisselles, l’aine, etc. Les ganglions lymphatiques profonds se trouvent dans le thorax, l’abdomen, etc.
Lire également notre publication sur le cancer du sein de stade 2
Quand un ganglion lymphatique augmente de volume, on parle d’adénopathie. Cette adénopathie peut révéler la présence d’une infection, d’une inflammation, d’une maladie auto-immune, ou d’une tumeur maligne. La majorité des adénopathies sont cependant bénignes et disparaissent spontanément ou avec un traitement adapté.
Une boule sous l’aisselle est une petite masse ou bosse qui se forme dans la partie haute de la glande mammaire ou un des ganglions lymphatiques situé dans le creux de l’aisselle. Elle peut avoir différentes origines :
- Une infection bénigne, souvent de la peau, (comme un kyste sébacé ou un furoncle) qui engendre une inflammation et un gonflement du ganglion lymphatique.
- Une réaction allergique (comme une urticaire ou un angioœdème) entraînant une dilatation des vaisseaux sanguins et un gonflement du ganglion. (Ex. une piqûre d’insecte)
- Certaines infections comme la mononucléose et la toxoplasmose.
- Certains vaccins, (BGC, grippe, rougeole et surtout COVID-19), peuvent être à l’origine de ganglions axillaires (du côté du bras vacciné).
- Certaines maladies inflammatoires ou immunitaires (lupus, sarcoïdose, …)
- Une tumeur maligne (cancer du sein, lymphome) qui génère une invasion et une destruction du ganglion lymphatique sous l’aisselle, avec une augmentation progressive du volume.
Il faut également vérifier s’il y a de la fièvre, des douleurs locales, des sueurs nocturnes, une perte de poids, sans raisons apparentes.
Boule sous l’aisselle : quand s’inquiéter ?
Une boule sous l’aisselle peut donc avoir plusieurs origines et n’est pas forcément synonyme de cancer du sein. Elle peut en effet révéler la présence d’un kyste, d’une infection, etc. La majorité des boules qui apparaissent sous l’aisselle sont d’ailleurs d’origine bénigne. Il est cependant recommandé de consulter un médecin en cas de persistance pendant plus de 2 semaines, ou si la boule sous l’aisselle est dure, statique, douloureuse, aux contours irréguliers, et si elle s’accompagne d’autres signes inhabituels comme une rougeur, une modification de la peau du sein ou du mamelon, et des symptômes généraux (fatigue ++, fièvre, perte de poids, etc.). Ces symptômes peuvent être des signes de cancer du sein avec atteinte des ganglions lymphatiques sous l’aisselle. Le diagnostic précoce est important.
En résumé, les signes d’alerte à surveiller sont les suivants :
- La taille : la boule est volumineuse (+ de 2 cm)
- La forme : ses contours sont mal définis et irréguliers
- La texture : la boule est dure (vs élastique)
- La mobilité : la boule est plutôt statique (vs. roule sous les doigts)
- L’évolution : la boule sous l’aisselle augmente (vs. diminue de volume)
Que faire en cas de boule sous l’aisselle ?
La découverte d’une boule sous l’aisselle peut être source d’inquiétude, car elle peut potentiellement révéler la présence d’un cancer du sein. Toutefois, il existe de nombreuses causes possibles et celles-ci sont en grande majorité bénignes. S’il est important de ne pas céder à la panique, il vaut mieux consulter son médecin pour établir un diagnostic précis.
Celui-ci pourra examiner la boule et les seins et poser des questions sur les antécédents médicaux et familiaux, les symptômes présents associés, les facteurs de risque de cancer du sein, etc.
En cas de doute, il pourra prescrire des examens complémentaires comme une mammographie, une échographie mammaire, une prise de sang ou une biopsie du sein et du ganglion. Ces examens permettront de confirmer ou d’infirmer la présence d’une tumeur maligne mammaire.
La prise en charge thérapeutique dépend ensuite de l’origine de la boule sous l’aisselle :
- Si elle résulte d’une infection, le plus souvent de la peau, des antibiotiques ou des anti-inflammatoires pourront être prescrits.
- Si elle est due à un kyste sébacé ou un lipome, un petit geste chirurgical peut être envisagé.
- En revanche, si elle est associée à la présence d’un cancer du sein, le choix du traitement sera discuté en RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire avec plusieurs spécialistes) par les équipes du centre Icone et pourra inclure une chirurgie, une radiothérapie, une chimiothérapie, une hormonothérapie, une immunothérapie…
Article rédigé par le Docteur Bruno Cutuli, Oncologue radiothérapeute au centre Intergroupe de Cancérologie et d’Onco-radiothérapie du Nord-Est (ICONE)