Discret à ses débuts, le cancer de la langue peut affecter des fonctions essentielles, comme la parole ou la déglutition. Heureusement, les avancées médicales actuelles permettent d’offrir des traitements efficaces. Grâce aux techniques modernes, comme la radiothérapie et la chirurgie, il est possible de le traiter efficacement et d’améliorer les chances de rémission.
Le cancer de la langue en quelques mots
Le cancer de la langue fait partie des cancers ORL, ou cancers de la tête et du cou, qui regroupent les atteintes des voies aérodigestives supérieures, incluant la bouche, le pharynx et le larynx. Il est parfois englobé sous le terme de « cancer de la bouche », même si cette appellation désigne plus largement l’ensemble des tumeurs de la cavité buccale.
Cette pathologie se divise en deux localisations principales : la partie mobile de la langue, qui représente environ un tiers des cancers de la cavité buccale, et la base de la langue, associée à 20 % des cancers de l’oropharynx. Ces distinctions anatomiques influencent directement les stratégies thérapeutiques.
Le cancer de la langue est majoritairement un carcinome épidermoïde, une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules squameuses de la muqueuse. Des formes plus rares, comme les adénocarcinomes ou les lymphomes, peuvent également être diagnostiquées, mais elles sont beaucoup moins fréquentes.
En France, environ 1 800 nouveaux cas sont détectés chaque année chez les hommes, contre 200 chez les femmes. Cette différence, encore marquée aujourd’hui, tend à se réduire avec l’évolution des comportements. La majorité des diagnostics concerne des patients âgés de 60 ans ou plus. Cependant, un nombre croissant de cas est observé chez des personnes plus jeunes, notamment en raison de l’implication du papillomavirus humain (HPV).
Qu’est-ce qui peut causer le cancer de la langue ?
Les causes du cancer de la langue sont généralement multifactorielles. Parmi les facteurs de risque bien identifiés, le tabac et l’alcool occupent une place importante. Leur consommation excessive peut être associée à une irritation chronique de la muqueuse buccale, ce qui favorise le développement de cellules anormales.
Par ailleurs, des infections virales comme celles liées au papillomavirus humain (HPV) peuvent être impliquées, particulièrement dans les cancers de la base de la langue.
Les antécédents familiaux ou troubles génétiques peuvent également jouer un rôle dans l’évaluation des risques. Cette prédisposition reste néanmoins moins importante que les facteurs environnementaux.
Les irritations prolongées causées par des prothèses dentaires mal ajustées ou une mauvaise hygiène buccale pourraient aussi contribuer à l’apparition de lésions précancéreuses.
Cependant, certaines habitudes alimentaires pourraient avoir un effet protecteur. Une alimentation riche en fruits et légumes peut permettre de réduire le risque de développer cette maladie.
Symptômes et diagnostic du cancer de la langue
Les signes du cancer de la langue peuvent varier, mais certaines manifestations doivent alerter. Une plaie qui ne cicatrise pas, une douleur persistante ou une sensation de gêne lors de la déglutition peuvent être des premiers indices. Une perte de poids inexpliquée ou une altération de la voix peuvent également accompagner ces symptômes.
Le diagnostic repose sur une consultation avec un médecin ORL. Une inspection visuelle de la cavité buccale est généralement suivie d’un examen palpatoire de la langue et des ganglions cervicaux. Si des anomalies sont détectées, une biopsie permet de confirmer la présence de cellules cancéreuses. Cette étape, qui peut être réalisée sous anesthésie locale, est indispensable pour préciser la nature de la lésion.
Par ailleurs, des examens d’imagerie, tels que l’IRM ou le scanner, sont souvent utilisés pour évaluer l’étendue de la tumeur et détecter d’éventuelles métastases.
En fonction des résultats, une équipe pluridisciplinaire, composée notamment de chirurgiens, oncologues et radiothérapeutes, se réunit lors d’une RCP pour proposer un traitement personnalisé.
Cancer de la langue : les traitements possibles
Les traitements du cancer de la langue varient en fonction de la taille, de la localisation et du stade de la tumeur.
La chirurgie peut être envisagée pour retirer la tumeur lorsque celle-ci est accessible et localisée. Selon l’étendue de la maladie, différentes techniques chirurgicales peuvent être utilisées, telles qu’une glossectomie partielle (ablation partielle de la langue) ou totale, ou encore une dissection cervicale pour retirer les ganglions lymphatiques affectés. Ces gestes chirurgicaux sont souvent accompagnés de techniques de reconstruction, comme l’utilisation de lambeaux de peau ou de tissu musculaire, afin de préserver au mieux les fonctions essentielles de la langue.
La radiothérapie est également une option de référence, notamment pour les tumeurs avancées ou inopérables. Elle permet de cibler avec précision les cellules cancéreuses tout en préservant autant que possible les tissus sains pour offrir de meilleures chances de contrôle local de la maladie. Le protocole de radiothérapie du cancer de la langue peut reposer sur la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (IMRT ou RCMI) qui cible avec précision la tumeur tout en épargnant les tissus sains. Il est aussi possible de proposer une curiethérapie, qui utilise des sources radioactives placées au contact de la tumeur. Selon les cas, elle se fait par de fines aiguilles creuses (curiethérapie interstitielle) ou par un cône intrabuccal pour une irradiation locale.
Les thérapies ciblées constituent une avancée récente et prometteuse dans la prise en charge du cancer de la langue. Ces traitements agissent directement sur des mécanismes spécifiques aux cellules cancéreuses, réduisant les effets secondaires sur les tissus sains.
La chimiothérapie, associée à la radiothérapie et/ou la chirurgie, peut permettre de réduire la taille de la tumeur avant une intervention chirurgicale ou d’agir sur des cellules cancéreuses disséminées.
La rééducation avec orthophonie et kinésithérapie est indispensable pour permettre aux patients de retrouver une qualité de vie optimale après les interventions. Les équipes médicales veillent ainsi à accompagner chaque patient dans ce parcours complexe, en adaptant les soins à leurs besoins individuels.