Le cancer du pancréas est une tumeur digestive rare, mais en nette augmentation, qui reste longtemps silencieux, ce qui complique le diagnostic. Le taux de survie à cinq ans reste faible malgré les progrès thérapeutiques. Une prise en charge multidisciplinaire précoce, comme celle proposée au Centre ICONE, peut améliorer les chances de survie, en particulier pour les stades précoces de la maladie, (stades I ou II).
Qu’est-ce que le cancer du pancréas ?
Le pancréas est une glande située profondément et transversalement dans la partie supérieure de l’abdomen, entre le duodénum à droite et la rate à gauche, en arrière de l’estomac. Il est au centre d’une région très richement vascularisée. Il est divisé en quatre parties : Tête, Isthme, corps et queue.
Il contient deux types de cellules : les cellules exocrines, qui produisent le suc pancréatique contenant des enzymes très importantes pour la digestion des sucres, des graisses et des protéines, et les cellules endocrines, ilots de Langherans, responsables de la sécrétion d’hormones (insuline, glucagon), impliquées dans la régulation du sucre dans le sang (glycémie).
Le cancer du pancréas est dans environ 90 % des cas un adénocarcinome canalaire, qui prend naissance dans les cellules exocrines. Les 10 % restants regroupent des tumeurs plus rares (neuroendocrines, kystiques, ampullomes…). Ce cancer se développe lentement, mais de façon invasive, et peut rester longtemps asymptomatique.
En France, près de 16.000 nouveaux cas de cancer du pancréas ont été recensés en 2023, 8.300 chez les hommes et 7.700 chez les femmes, un chiffre en augmentation constante depuis plusieurs années. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 74 ans chez la femme et 71 ans chez l’homme. Cette pathologie, longtemps considérée comme rare, est désormais la 4ᵉ cause de mortalité par cancer en Europe. Elles est en constante augmentation et la progression de l’incidence est plus importante chez la femme (2% par an depuis 2010). Le pronostic reste sombre : en 2018, la survie nette à 5 ans était de 11 %, avec des variations importantes selon l’âge du patient au diagnostic (19 % à 50 ans vs 5 % à 80 ans).
Quels sont les facteurs de risque du cancer du pancréas ?
Parmi les principaux facteurs de risque identifiés, on trouve le tabagisme (avec un risque multiplié par 2.7), la consommation chronique et élevée d’alcool, l’obésité massive (IMC – Indice de Masse Corporelle – supérieur ou égal à 35), le diabète de longue date, les pancréatites chroniques et les antécédents familiaux du cancer du pancréas. Certaines mutations génétiques (surtout BRCA2, mais aussi BRCA1, PALB2 et ATM), le syndrome de Lynch et l’exposition aux pesticides et aux hydrocarbures peuvent aussi aggraver le risque de développer un cancer du pancréas.
Comme pour de nombreux autres cancers (côlon, sein, endomètre, …) la pratique d’une activité physique régulière (idéalement deux à trois heures par semaine), une alimentation équilibrée, en particulier riche en fruits et légumes (régime crétois ou méditerranéen), le contrôle pondéral, l’arrêt du tabac, et la réduction de la consommation d’alcool peuvent diminuer le risque.
Quels sont les symptômes du cancer du pancréas ?
Les symptômes du cancer du pancréas apparaissent souvent de manière tardive. Seuls 10 à 20 % des cas sont diagnostiqués à un stade opérable.
Parmi les premiers signes du cancer du pancréas, on retrouve :
- Douleurs abdominales pouvant irradier dans le dos,
- Perte de poids rapide,
- Ictère (jaunisse), souvent associé à une tumeur de la tête du pancréas compressive,
- Perte d’appétit, nausées et sensation de pesanteur gastrique, avec difficulté à digérer certains aliments,
- Fatigue persistante,
- Diabète nouvellement diagnostiqué ou déséquilibré.
Certains patients rapportent une douleur pancréatique inexpliquée ou la survenue d’un diabète soudain, parfois révélateurs d’un cancer du pancréas. Le diabète peut aussi bien être un facteur de risque qu’un signal d’alerte, selon son ancienneté. Son apparition, surtout chez les personnes non obèses, doit inciter à pousser les investigations.
Cancer du pancréas : diagnostic
Le diagnostic repose sur plusieurs étapes. Après la consultation initiale avec interrogatoire et examen clinique, le médecin prescrit des examens d’imagerie médicale, notamment un scanner TAP (Thoraco-Abdomino-Pelvien) et une IRM hépatopancréatique, avec souvent une écho-endoscopie en complément.
La biopsie est l’examen de référence pour confirmer le diagnostic de cancer du pancréas. Elle est réalisée sous écho-endoscopie ou par voie transcutanée. Elle permet de connaître toutes les caractéristiques de la tumeur pour adapter la prise en charge.
Le bilan biologique comprend un dosage du marqueur CA 19-9, qui est assez spécifique.
Lorsque la tumeur entraîne une obstruction biliaire, une prothèse peut être posée par voie endoscopique.
Un bilan d’extension complet est également nécessaire avec un TEP scanner pour déterminer si la tumeur est opérable, localement avancée ou métastatique. L’analyse de l’atteinte éventuelle des troncs artériels et veineux de la tumeur est très importante. Par ailleurs, une consultation oncogénétique peut être programmée.
Comment traiter un cancer du pancréas ?
Le traitement du cancer du pancréas dépend du stade au moment du diagnostic, de l’état général du patient, de ses éventuelles comorbidités (maladies associées) et du type tumoral.
Tumeurs localisées (Stades I & II)
Lorsque la tumeur est résécable, une chirurgie pancréatique est proposée :
- Duodénopancréatectomie céphalique en cas de tumeur de la tête du pancréas,
- Spléno-pancréatectomie gauche pour les tumeurs du corps ou de la queue (avec également ablation de la rate).
Ces chirurgies complexes doivent être réalisées en milieu hyperspécialisé et peuvent nécessiter une reconstruction vasculaire. Une chimiothérapie adjuvante est généralement instaurée après l’intervention. Une chimiothérapie néoadjuvante (type FOLFIRINOX), peut être envisagée avant l’opération pour améliorer les chances de résection complète. La radiothérapie, notamment en technique stéréotaxique, peut également faire partie de certains protocoles de traitement.
Tumeurs avancées ou métastatiques (Stades III & IV)
Lorsque la tumeur est inopérable ou métastatique, la prise en charge repose essentiellement sur la chimiothérapie. Le protocole est adapté à l’état général du patient. En cas de mutation des gènes BRCA2 ou BRCA1, un traitement par inhibiteur de PARP (thérapie ciblée) peut être utilisé.
Cancer du pancréas : espérance de vie
Le pronostic du cancer du pancréas reste sombre (principalement en raison de son diagnostic tardif et de l’envahissement précoce des organes adjacents (foie, estomac, vaisseaux sanguins, ganglions) et varie selon le stade de la maladie. La survie nette à 5 ans est d’environ 11 % tous stades confondus.
Cette survie varie fortement selon le stade de la maladie :
- Formes localisées et opérables : meilleure survie avec chirurgie + chimiothérapie +/- radiothérapie,
- Formes localement avancées : survie limitée, dépendante de la réponse au traitement,
- Formes métastatiques : survie médiane le plus souvent inférieure à 12 mois malgré les traitements.
Les dernières données montrent une amélioration progressive de la survie à 5 et 10 ans, mais le pronostic global reste sombre, en particulier chez les patients âgés ou fragiles.
Le diagnostic précoce est donc particulièrement important.
La recherche ouvre des pistes prometteuses dans le cancer du pancréas. L’analyse de signatures moléculaires spécifiques à certaines tumeurs pourrait, à terme, aider les équipes à améliorer la réponse aux traitements, et à mieux adapter les protocoles à chaque profil. Une autre piste vise à relancer les défenses immunitaires contre la tumeur en inhibant des mécanismes de résistance propres au micro-environnement tumoral pancréatique, qui freinent l’action du système immunitaire. Ces avancées restent en phase d’étude, mais pourraient être porteuses d’espoir pour les patients et leurs familles.
Au niveau du Centre Icone, les différents examens du bilan diagnostic (scanner TEP, IRM hépato-biliaire et TEP) peuvent être prescrits rapidement en cas de suspicion de cancer du pancréas, en coordination étroite avec les collègues gastro-entérologues et chirurgiens digestifs.
En cas de confirmation du diagnostic, le dossier est validé en RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire) de pathologie digestive.
La chimiothérapie et la radiothérapie stéréotaxique sont prises en charge dans notre centre, parfois le cadre d’essais cliniques.
Afin de réduire les effets secondaires (toxicité digestive, muqueuse, fatigue, etc., …), le Centre Icone propose également, comme pour toutes les pathologies cancéreuses, plusieurs soins de support sur place : soutien psychologique, massages relaxants, séances d’ostéopathie, soins socio-esthétiques et gestion de la douleur.
Références récentes :
- STOOP TF et al. Pancreatic cancer. Lancet 2025 ; 405 : 1182-1202
- KLEIN AP. Pancreatic cancer epidemiology: Understanding the role of lifestyle and inherited factors. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 2021; 18:493-502
Article rédigé par le Docteur Bruno Cutuli, Oncologue radiothérapeute au centre Intergroupe de Cancérologie et d’Onco-radiothérapie du Nord-Est (ICONE)